Toboggans !

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Toboggans


Dans le Nord de l’Ontario et du Québec, on a souvent utilisé puis jeté des toboggans. Ce genre de chose n’attirait habituellement pas l’attention des collectionneurs. Toutefois, les Premières Nations du Nord-Est du Canada ont inventé le toboggan et nous savons que, pendant des siècles, c’était un instrument essentiel de survie en hiver. Le chasseur qui tuait un grand animal à des kilomètres de son camp d’hiver n’aurait jamais pu l’y ramener sans un véhicule capable d’en supporter le poids, de « surfer » sur la neige et de transporter la précieuse prise aussi efficacement que ses raquettes le portaient lui-même.

Il est probable que Henry Hudson lui-même ait vu des personnes utiliser des toboggans sur la côte de la baie James pendant qu’il y passait l’hiver en 1611. Les Canadiens ont fini par « emprunter » le toboggan, qui a conservé son nom algonquin et est devenu un incontournable des sports d’hiver. En fait, quand j’étais un petit garçon à Vancouver, de nombreuses familles de mon quartier avaient acheté des toboggans aux rayons des sports d’Eaton ou de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Pendant l’hiver, nous glissions sur les pentes de notre ville — les rares fois où il neigeait — ou dans les montagnes environnantes.

En cri, on dit utabaan. On emploie aussi ce mot pour désigner familièrement une camionnette — un clin d’œil à l’humble luge grâce à laquelle il était possible de passer l’hiver en pleine nature.

Nous avons acquis deux toboggans provenant sans doute de la région de Mistissini et nous sommes ravis de les inclure dans la collection de l’Aanischaaukamikw. Avec les canots et les raquettes, il n’y a pas de meilleurs exemples de la façon dont la technologie autochtone a favorisé la colonisation du Canada par les Européens, puis s’est intégrée à nos loisirs.

Les deux ubagaans sont d’importants ajouts à la collection, parce qu’ils nous aident à :

  • documenter l’histoire de la culture matérielle des Cris au XIXe siècle;
  • illustrer et interpréter la chasse et la trappe — deux aspects majeurs de l’économie crie;
  • documenter le changement (nombre de Cris utilisent aujourd’hui des feuilles de plastique aux mêmes fins); et
  • lier la technologie autochtone à la vaste expérience canadienne.

Cette acquisition a été rendue possible grâce à une subvention de la Fondation Aanischaaukamikw.

Stephen Inglis

Le premier ministre et le grand chef visitent l’Aanischaaukamikw

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Le premier ministre et le grand chef visitent l’Aanischaaukamikw

Le 17 mai, l’Aanischaaukamikw a eu l’honneur de recevoir le premier ministre du Québec Jean Charest et le grand chef cri Matthew Coon Come, de même que plusieurs autres dignitaires québécois et cris, dont Pierre Arcand, ministre du Développement durable, Environnement et Parcs, Geoffrey Kelley, ministre responsable des Affaires autochtones, Louise Wapachee, chef d’Oujé-Bougoumou, et Abel Bosum, négociateur en chef du Grand Conseil des Cris pour le Québec.

Ces personnes étaient à Oujé-Bougoumou pour annoncer la création de la réserve du parc national Assinica. Après la cérémonie, les participants se sont rendus sur le site de l’Aanischaaukamikw pour y visiter rapidement l’édifice presque terminé et pour entendre les explications des architectes du projet Douglas Cardinal et Stephen Rotman, ainsi que du directeur général de l’Aanischaaukamikw, Stephen Inglis.

L’Aanischaaukamikw a hâte que la construction soit achevée pour que chacun puisse visiter l’édifice qui ouvrira ses portes au public l’automne prochain.

(Au premier rang, de gauche à droite : Douglas Cardinal, Stephen Rotman, Geoffrey Kelley, le premier ministre Jean Charest, Pierre Arcand, le grand chef Coon Come et Stephen Inglis)

Question de point de vue !

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Question de point de vue !

Les architectes ont généralement une vision claire de la signification de leur œuvre, mais les réactions des habitants et des visiteurs sont souvent aussi variées qu’imprévisibles.

Douglas Cardinal parle des habitations traditionnelles cries, appelées « astchiaukamikw » et « sabtuan », comme de sources d’inspiration. D’ailleurs, la relation entre le nouvel édifice et les habitations enneigées faites de toiles et de piquets du « village culturel » d’Oujé-Bougoumou paraît évidente. Dianne Ottereyes Reid, présidente de l’Aanischaaukamikw, disait récemment que, pour les anciens, les poutres de l’édifice rappelaient soit l’intérieur d’un canot, soit la cage thoracique d’un animal. Récemment, un résident de longue date d’Oujé-Bougoumou me racontait qu’il avait entendu des habitants comparer les poutres de l’édifice à celles de l’arche de Noé. Ils se posaient donc la question : « À quand le déluge? »

Ce qui est génial, c’est que Doug Cardinal et Stephen Rotman, qui ont tous deux travaillé si fort à la conception de cet édifice, seraient ravis d’apprendre qu’il existe toute une gamme d’interprétations, chacune exprimant autant de points de vue uniques qu’il y a de « spectateurs » et révélant que l’Aanischaaukamikw fait vibrer une corde sensible fondamentale chez tous ceux qui s’en approchent.

Nous avons hâte de partager ce remarquable édifice, ainsi que tout ce qu’il représente, avec des milliers d’autres personnes afin d’entendre (et de garder en mémoire!) encore beaucoup d’autres interprétations de ce que ce lieu évoquera au fil du temps.

Stephen Inglis